La Bievre

Prenant sa source à Bouviers, près de Versailles, la Bièvre ( ex "Rivière des Castors",

son nom venant d'une racine celtique "Biber" = "Beaver" = Castor) est une modeste

rivière de 33 kilomètres qui, sur son parcours parisien, n'est plus qu'un lointain

souvenir, ayant été définitivement (?) enterrée en 1912.

Elle se jetait dans la Seine, autrefois, au niveau du pont d'Austerlitz, après avoir traversé
différents quartiers de Paris (situés dans les 5ème, 13ème et 14ème arrondissements

actuels).

A l'époque où l'eau courante n'existait pas, cette rivière était bien utile pour différentes
catégories d'artisans qui avaient besoin d'eau pour exercer leurs activités.

C'est ainsi qu'au fil du temps, se sont installés sur ses rives, et notamment dans ce

quartier, tanneurs, teinturiers, bouchers....qui l'ont transformée en véritable égout

à l'air libre.

Si la Bièvre a été recouverte, dans son parcours parisien, en 1912, le début de sa
transformation en égout remonte au 17ème siècle !

Dans sa "Chronique Scandaleuse", l'écrivain Claude Le Petit écrivait déja (en 1668 !) :

"Ne faisons pas ici le cancre,

Et passons vite ce ruisseau.

Est-ce de la boue ou de l'eau ?

Est-ce de la suie ou de l'encre ?

Quoi ! c'est le seigneur Gobelin ?

Qu'il est sale et qu'il est vilain !

Je crois que le Diable à peau noire,

Par régal et par volupté,

Ayant trop chaud en purgatoire,

Se vient ici baigner l'été.

On a beau, vantant l'écarlate,

Dire qu'auprès des Gobelins

Le Tibre avec ses trois moulins

Ne fait que traîner la savate :

Qu'on rende si l'on veut le Nil

En comparaison de lui vil ;

Pour moi, n'en déplaise à sa bière,

Je ne puis estimer ses eaux,

Ni prendre pour une rivière

Un pot de chambre de pourceaux !"

Entre cette époque et le début du siècle dernier (entre 1668 et 1905) il y eu pas moins

d'une trentaine de plaintes, ordonnances et/ou projets pour limiter et/ou supprimer cette
pollution.

C'est le conseiller municipal du quartier, Emile Deslandres (dont le nom a été attribué à

une rue du quartier), qui mit au point, en 1907, un rapport au sujet de la pollution de la

Bièvre.

A la suite de ce rapport alarmant, le conseil municipal habilita le préfet à prendre les

mesures nécessaires (expropriation des propriétaires et de leurs locataires utilisant l'eau

de la Bièvre, établissement du dossier d'enquète publique, réalisation des travaux...).

Après de longues tractations avec les riverains, le dossier finit par aboutir et la Bièvre

est recouverte, définitivement, dans le quartier Croulebarbe, en 1912.

Définitivement, est-ce bien sur ?

En effet, des amoureux de la Bièvre ont créé un "collectif" destiné à remettre à l'air

libre, sur une partie de son parcours parisien, dont le quartier Croulebarbe, une Bièvre

claire et limpide, débarrassée de toute pollution, à l'instar de ce qui s'est fait plus en

amont à Verrières le Buisson, où, sur 1.100 mètres, le "Syndicat Intercommunal

pour l'Assainissement du Val de Bièvre" (S.I.A.V.B.) a recréé, en mai 2000, le lit

de la Bièvre.

Les parisiens reverront-ils, un jour, couler la Bièvre ?

Longtemps considérée d'impossible et de rêve fou, la remise à l'air libre de la seule

rivière dont le confluent naturel est situé dans la capitale semble bien devoir devenir

réalité.

En effet, la commission extra-municipale de l'environnement et du cadre de vie, sous la
présidence du Maire de Paris et de son adjoint chargé de l'environnement, de l'eau, de
l'assainissement et de la valorisation du site de la Seine, a présenté aux associations de

quartier, le 1er février 2001, un plan de renaissance de la Bièvre.

Même si aucun calendrier précis n'a été annoncé, l'APUR (Atelier Parisien

d'Urbanisme) a précisé que 3 secteurs, situés dans les 13ème et 5ème

arrondissements avaient été pressentis, pour faire à nouveau apparaître à l'air libre,

le cours de la Bièvre :

1/ Dans le Parc Kellermann (Poterne des Peupliers) sur une longueur de 800 m.

2/ Au Square René Le Gall et au niveau de la rue Berbier-du-Mets, jusqu'au Boulevard

Arago (sur une longueur de 1.100 mètres)

3/ Au niveau des terrains annexes du Muséum d'histoire naturelle (entre la rue Buffon et

la rue Poliveau), sur 400 mètres.

Pour chacun de ces 3 sites, deux aménagements sont actuellement à l'étude :

-Traitement "type canal" pour les espaces publics type rue Berbier-du-Mets.

-Mise en scène "naturelle" dans les parties situées dans les espaces verts (Square René

Le Gall et Parc Kellermann) et dans les terrains annexes du Muséum d'histoire naturelle.

Pour lancer la réalisation effective de ce projet, la Ville a posé comme préalable, bien
évidemment, que l'eau de la Bièvre soit assainie en amont......

A suivre.....